Interview "Cheval Passion"

Témoignage : Ophélie, championne du Monde de Para-reining et non-voyante

🎤 Equin’terview #2

Incroyable parcours que celui d’Ophélie ! Passionnée et tenace son histoire ne laisse pas indifférent.

Nous vous emmenons dès maintenant à la rencontre d’une sacrée cavalière !

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Ophélie de Favitski, j’ai 40 ans, maman d’un garçon de 15 ans, cavalière et enseignante avec une particularité : je suis non-voyante. J’ai participé au World Para-reining Challenge en 2018 et 2019 à Equita.

J’ai perdu la vue, il y a 15 ans, suite à un coup de pied de cheval dans le visage. Mais je n’ai jamais abandonné ! J’ai voulu vivre normalement : devenir maman, passer mon monitorat…bref une vie normale selon les projets que j’avais faits. J’ai repris l’équitation tout de suite après la rééducation, et fait quelques concours de CSO.

Je suis totalement autonome avec mes 5 chevaux sur un terrain de 5 hectares. Reine du système D, je gère les soins, la distribution des rations en hiver, la mise au parc toute seule. Mon fils me donne parfois un coup de main, notamment pour enfoncer les piquets de clôture ! Quant à l’entrainement, il se fait dans une carrière que j’ai aménagée avec des signaux sonores qui me permettent de m’orienter.

Tu enseignes également ?

L’enseignement me passionne. J’aime transmettre. C’est une activité que je pratique bénévolement aujourd’hui car elle m’équilibre. J’apprends au cavalier à ressentir. Et si vous vous demandez comment je peux enseigner l’équitation sans voir le cheval ni le cavalier, hé bien je vous répondrai : tout à l’oreille ! La façon dont le cheval se déplace me donne les indications nécessaires pour corriger la position du cavalier.

Le cavalier doit me faire parvenir ses ressentis, ce dialogue est permanent. J’entends les choses, mais je veux que le cavalier les verbalise. Il apprend à ressentir et à être autonome en corrigeant peu à peu sa position par lui-même. Pour moi, la position est la base d’une bonne équitation.

Je suis aussi très investie dans l’association Tout’Equita’Tous qui œuvre pour rendre l’équitation accessible aux personnes en situation de handicap. C’est très important pour moi, c’est pourquoi je m’y engage pleinement.

Comment es-tu arrivée à l’équitation western ?

Crédit photo : Dead or Alive Photo

Typiquement moi : par défi !

Déjà car il n’y avait aucun français en lisse en 2018 pour cette compétition, et aussi car on m’a dit « ce n’est pas pour toi ». Ce n’est vraiment une chose à me dire ! En 2 mois et 10 leçons avec un professionnel, un super cheval (Leo-Dyn Boogie DC) j’ai acquis les bases du reining. Je viens de l’équitation classique, il me fallait donc apprendre les « codes » de l’équitation Western, mais mon vécu de cavalière m’a beaucoup aidé. J’ai adoré cette expérience, si bien que j’ai poursuivi et rempilé pour 2019 avec un autre cheval. Et cette fois-ci, j’ai été sacrée Championne du Monde Grade III avec DC New Peppy Chex.

Mais cette expérience m’a aussi apporté autre chose : j’ai rencontré Bjorn. C’est lors de ma première participation au World para-reining Challenge que j’ai rencontré celui qui deviendra mon mari. C’est un homme incroyable, cavalier et guitariste, qui a quitté sa vie en Allemagne pour venir vivre à mes côtés.

Comment t’entraines-tu au quotidien ? Quels sont tes projets ?

Je poursuis l’entrainement western, mais mon coach est à 2h30 de route de moi, c’est donc une sacrée organisation à chaque fois. Sinon, je travaille beaucoup mes chevaux à pieds, notamment les jeunes. Les autres, je les monte ou les longe pour qu’ils soient prêts pour les shows et les compétitions.

La plupart du temps, je suis toute seule. Je m’oriente dans la carrière grâce au « bip-bip » que je me suis installé.

Mes projets ? Plein ! Ma jument de tête va partir à la retraite, et j’espère lui faire faire un poulain. Quand le confinement prendra fin, les concours et les démonstrations pourront reprendre, je suis prête.

À titre perso, un deuxième enfant pourquoi pas ?

Pour finir, nous demandons toujours aux cavaliers de nous dévoiler une de leurs petites astuces. Quelle est la tienne ?

J’en ai deux.

  • La première est une astuce pour les pieds humides qui pourrissent. Je mélange du gros sel et du vinaigre blanc et je tamponne les parties pourries avec un éponge imbibée. Je renouvelle l’astuce 1 jour sur 2 jusqu’à ce que ce soit nickel.
  • La seconde est plutôt un conseil : avant de demander quoi que ce soit à cheval, assurez-vous d’être toujours à votre place, à la bonne place.

C’est sur cette note technique mais aussi hautement philosophique (à méditer) que nous terminons cet entretien incroyable. Merci à Ophélie pour son enthousiasme et sa disponibilité !

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